6 mars 2060

Je détaille la femme mais reste silencieux.

Enchanté Mme. J'espère que la suite du programme sera moins mouvementé.

Je montre assez discrètement l'intérieur de mes mains pleines de sang puis je poursuis.

Personnellement j'ai besoin de repos, donc je souhaiterai qu'on parle de la suite du programme à table, puis repos.

- Ach, la guerre, gross malheur... murmure-t-elle en vous conduisant vers un minibus dont elle prend le volant.

En chemin, elle entame la conversation:
- Vous caisses sont arrivées avant vous, les quatre. C'est lourd, comme matériel. Vous êtes alpinistes, javohl?

Avec un bon sourire, je réponds :
Oui, nous aimons le tourisme extrême, vous voyez, les sensations fortes. Et quoi de plus exaltant que la hauteur ?
Aha, si elle savait...

"Vous connaissez Horst Tapper ?"
Finalement je suis dans le même pays que l'inspecteur Derrick, trop cool

Je me contente de suivre, sans un mot.

- Horst Tapper? Nein, rien. Ach, fous êtes passés par Berlin en venant? Ce n'était pas trop agität là-bas? continue-t-elle en conduisant le minibus.

- Ja, ja, rassurez-vous. La ville ist on ne peut plus sure! Notre bon Baron veille sur la sécurität des habitants, annonce-t-elle alors que le minibus passe devant trois hotels qui ont de la gueule.

Il s'arrête cependant un peu plus loin, devant un batiment de trois étages portant la mention "Auberge de jeunesse".

- Voila, c'est ici que votre agence a réservé.

Un peu déçus, vous descendez du minibus alors que Goldi vous lance: - Je serai là demain à 9h pour la visite de la ville! Tenez-vous prêts! avant de démarrer et de vous laisser en plan avec vos bagages.

Vous faites quelques pas à l'intérieur de l'auberge silencieuse, franchissez un portillon métallique à l'aide des cartes magnétiques contenant vos billets de train et toutes les informations du voyage, puis traversez un long couloir.

Deux portes sur lesquells sont affichés des logos représentant respectivement un restaurant et une machine à laver, mènent à des petites pièces propres et fonctionnelles, fonctionnant en self-service et de façon totalement automatisée.
Vous passez encore les portes suivantes, portant les logos des WC et des douches communes.

Vous finissez par trouver votre chambre, au premier étage. C'est un dortoir tout en longueur avec deux lits superposés (enfin, 4 lits au total quoi, vous voyez le concept) ainsi que la possibilité de tirer deux matelas sur le sol.
Au milieu de la chambre, entre les lits quatre énormes caisses.

Au fond de la pièce, un miroir vous fait face. A gauche, un petit bureau et deux chaises, à droite un lavabo.

Tout est à l'image de la chambre: petit et moche. Mais absolument propre.

Auberge de jeunesse, et puis quoi encore... ils sont drôles eux.

Moi je prends le lit du haut. Je prends pas de risques. A mon avis ces structures en pin pseudo-massif n'ont pas été faites pour supporter le poids d'un troll, hélas.
Ils auraient pu nous loger dans les hôtels décents d'à côté, même s'il est tout de même curieux qu'une aussi petite ville isolée comme Munchmaussen ait de telles infrastructures touristiques.

Je jette un oeil dans la chambre à la recherche de micros et de caméras...

Je vais inspecter les caisses après avoir vérifié la présence de caméras.

Je prend le lit sous Gisors, en me disant qu'il y a peu de chance que la structure casse sous le poid du frêle vieillard.
Je m'asseois au sol et je parle bien distinctement pour alimenter d'éventuel micros.
"Quel beau pays quand même, je serai encore plus heureux quand nous commencerons la randonnée."
Puis je me couche et ferme les yeux.

Après un coup d'œil circulaire à la chambre, je dis :
Dès qu'on aura poussé les caisses dans un coin, je prendrai un matelas par terre. Ça me dérange pas de dormir par terre, et puis de toute façon dormir en haut j'aime pas.
Posant mon sac de voyage sur le bureau, j'entreprends d'examiner le miroir de plus près...

Alors je prendrais l'autre lit du bas. C'est quand même drôle de nous faire voyager en première classe pour finir dans une auberge de jeunesse. ( si je ne dis pas de conneries pour la première classe, sinon on ne tiens pas compte du post. )

Comme tout le monde je vérifie la non présence de caméras vers le miroir et le reste de la pièce avant de me diriger vers les caisses.

non vous étiez pas en première classe à la base dans le train, vous vous y etes juste installés apres la fusillade

Canine et Gormaz, vous vous regardez dans le miroir, heu, voila quoi.
Non sérieux vous m'expliquez en quoi ça consiste "vérifier la non présence de caméra"?
Idem pour le reste de la pièce.

Bon ben les caisses...

D'un ton sec et tranchant :
Touchez pas aux caisses. Z'êtes débiles ou quoi ? On dirait des morveux qui se jettent sur leurs cadeaux de Noël... sous le regard bienveillant de leurs parents...

J'effleure des doigts le bord du miroir, je regarde si on peut le décoller du mur ou s'il y est encastré, et je regarde si on voit le moindre défaut dans le reflet.

Sois pas parano, Canine. Faut toute façon les ouvrir ces caisses.

Je file un coup de main à Gormaz pour ouvrir les caisses (si vraiment il en a besoin).

Attends on va la rassurer !

je vais chercher mon sac et le rapproche du miroir. Je sort mon couteau et j'enlève le miroir.

Dès que c'est fait :

Voilà, maintenant qu'on a tout péter y aura plus qu'à se démerder à le remette.

Je les regarde d'un air atterrée.

Prof, venez à mon secours merde, vous êtes d'accord avec moi non ? Je suis peut-être parano, mais ça sauve la vie, souvent, hein. Celui qui s'approche encore une fois de ces caisses avant qu'on ait vérifié l'état des lieux, je lui fous mon poing dans la gueule, et je plaisante pas.

Quand je vois Gormaz s'approcher du miroir, je crie bien fort :

STOP!

Il va falloir mettre les choses au clair une bonne fois pour toutes.

On est venus ici pour faire du tourisme VERT. Ca veut dire oublier nos considérations matérialistes de gens nantis, et découvrir les moeurs et coutumes de la population locale, profiter de la nature.

Tant mieux que l'office de voyage nous ait donnés cette auberge rustique plutôt que les super hôtels, ça facilitera notre détachement.


Alors vous allez me faire le plaisir de cesser de vous comporter comme des enfants gâtés.
On est ici pour redécouvrir son moi profond au contact de la nature, c'est bien pour ça qu'on a choisi le coin le plus isolé de la terre. On va pas se mettre à avoir des réflexes d'américains moyens!


Rangez-moi ces lampes de chevet dans le placard, on s'éclairera à la bougie. Le premier que je vois utiliser la machine à laver, je le jette dans un ruisseau. Virez-moi ce miroir, c'est pas le moment de s'adonner à la coquetterie. Pareil, les oreillers, dans le placard. Vous croyez que j'avais un oreiller moi, quand j'étais petit? Et j'ai survécu!
Bon.

Maintenant débarassez-vous de vos manteaux, asseyez-vous en cercle, on va faire une séance de relaxation et de communion avec mère nature.

* Mais il est ceintré l'ancêtre ! *

Vu qu'il donne la permission d'enlever le miroir, bien que je n'en ai pas besoin de sa permission, je continue à le décrocher tout en disant à voix haute :

Euh l'ancêtre... On est tous venu pour découvrir la nature ça ne fait aucun doute mais on n'est pas tous obligé de vivre comme à la préhistoire, on a su s'adapter depuis.

Je file un coup de coude à Gormaz, et je fais un grand sourire au Prof.

Mais siii ! ça va être carrément chouette, vous allez voir !
Allez, retour aux sources ! Le dénuement, y a que ça de vrai.

Voilà une idée intelligente ! Je commence à retirer les lampes de chevet, comme a dit le Prof. Quel génie...