10 mai 2060

La nuit du 8 au 9 mai s'est passée sans le moindre soucis. Pas ame qui vive dans les parages. Le lendemain, vous repartez sur le même rythme, ramant par groupe de deux, les autres se reposant ou barrant.
Le soir, vous répétez l'opération de la veille, attachant le canot près du rivage et montant la garde à tour de rôle.

10 mai, 13h

Voila deux jours et demie que vous êtes sur le fleuve, et vos muscles commencent à vous faire mal. Le soleil équatorial tape violemment sur vos têtes pendant que vous pagayez. Les vagues scintillent sur vous comme du verre inconstant. Vos yeux cherchent du repos en regardant le vert foncé de la forêt le long du fleuve.

Quelques centaines de mètres en amont, vous remarquez soudain un mouvement inhabituel. Un trio de pirogues dérive du rivage et fait route vers vous. Dans chaque bateau sont assis quatre indigènes ; ils pagaient puissamment pendant que vos bras tremblent de fatigue.

"Hmmmm" fait le chaman réfléchissant à la situation.

J'ai l'impression que c'est le moment de tester nos connaissances en tupi-guarani...

Je fronce les sourcils et tente de voir s'ils sont armés (un peu ? beaucoup ? à la folie ?) et s'ils semblent hostiles.

Bob, prends les rames et tais-toi, ok ?

- Pas de magie, hein? Et pas d'insultes. Soyez sages.

Je lève les bras en signe de paix et de salut.

Persuadés que vous ne pourrez pas les semer, ils ralentissent et vos muscles s'accordent une pause avant la confrontation en perspective. Les pirogues des indigènes fondent sur vous pour s'arrêter à 3 mètres.
Les occupants ne portent que très peu de vêtements mais l'individu dans le premier bateau porte une grande quantité d'anneaux en métal autour de sa forte nuque. Un autre homme à l'arrière de l'embarcation est vêtu de plumes et de peintures aux motifs complexes.
Ils possèdent tous des carabines en bandoulière.

Celui qui a les anneaux autour du cou vous sourit et vous parle dans sa langue natale. Comme vous ne comprenez pas, il essaie avec un autre dialecte, puis avec un troisième essai qui est une forme de Tupi-guarani.
- Vous venir pour faire halte avec nous sur le rivage ? demande-t-il. Bonne chasse, beaucoup manger!

Je réponds en tupi-Guarani:
Bonjour, vous voulez nous inviter à manger? Seulement ça?

A l'adresse de Thoran :

Ca c'est bon, c'est super suptile.

A l'adresse du prof :

Si on y va on va se faire bouffer et si on y va pas ils vont mal le prendre. T'as une idée ?

- Plein manger, avec nous! Bonne chasse!

Ils sourient et font de grands gestes en parlant.

Je souris, amusée par Gormaz.
Celui qui réussira à me bouffer il est pas né.

Puis, aux indiens, en Guarani et d'un ton aimable :
Quoi chasser ici ? Gros animaux ? Pas dangereux ?

Tant que la conversation reste courtoise, pas de raison de s'affoler.

J'interroge les autres du regard.
Qu'est-ce qu'on fait ? Je pense qu'il vaudrait mieux les suivre, mais je ne déciderai rien toute seule.

En anglais:
Bon, pour info, celui qui jacte: c't'un PhysAd'... Mais z'ont pas l'air trop bad... S'ils nous filent pas d'la même bouffe dégueulasse ou daubée, pourquoi pas y aller?!

Regard en biais.
T'as quoi contre les adeptes physiques, au juste ?

Y a aussi un chaman dans le groupe et ici c'est leur territoire, autant dire qu'il fait ce qu'il veut. Et puis vu le notre de chaman on pourra lutter.

J'affiche un large sourire en disant ça.

Je poursuis :

Bon, on y va !

J'attends l'avis du Prof avant de donner ma réponse aux Indiens.
Pour qu'ils ne s'impatientent pas, je leur dis :
Chef à nous décider.

à Canine :
Heu... Canine? Pour rappel, j'suis physad aussi, hein!

Je disais juste ça parce que c'est un des seuls trucs que j'ai pu lire en lui... Avec le fait qu'il est content, et à priori pas méchant...

Je souris au nain, l'air malicieux.
Humour, mon chou, humour... Rhôlàlà...

Rendant le sourire :
Ah! ok!

Bon, alors, on est polis et on accepte l'invitation en restant sur nos gardes les gars? Ou bien on refuse gentiment?

Au nain.

Ben elle a répondu, chef à nous décider

Pas jaune. Déjà pris, jaune. Vert aussi. Pourquoi pas bleu ?

Je me caresse la barbe, hésitant, observant les Indiens et les berges avec le plus d'attention possible.

- Je vois dans cette proposition deux motifs d'inquiétude. D'une part, ils ne nous connaissent pas, n'ont aucun lien avec nous, nous ne leur avons rien demandé ; et ils nous offrent à manger. Il faudrait qu'on regarde à deux fois dans notre assiette avant d'avaler.
Ensuite, il me semble que ces tribus amérindiennes pratiquent ce que l'on appelle le "potlatch", qui est une sorte de cérémonie de don et contre-don, donc je crains que, s'ils nous donnent de la nourriture, il nous faille leur donner quelque chose en échange. Et je garde mes lance-roquettes.
Cependant, je pense qu'il serait mal vu de refuser et continuer notre chemin. Approchons, voyons ce qu'il ressort de cet échange, mais restons sur nos gardes.

Le chaman ne semble pas se poser autant de questions.

Il sourit aux indiens en s'adressant à ses compagnons :

"Ils sont pas dangereux, j'ai rien détecté. Sont sympa le autochtones. Et puis ceux-là ne sont pas des réducteurs de têtes. En avant ! L'un d'entre vous peux leur dire qu'on accepte ?"